Une belle histoire d’amour ?

Où la RATP nous montre que l’amour, c’est beau comme un trajet en métro : Voici un petit court métrage que j’ai relevé sur le site « vie de parisien ». Ce court métrage est financé et mis en ligne par la RATP. C’est beau comme un camion, en noir et blanc, et ça raconte l’histoire d’une belle rencontre dans le métro, des regards qui s’échangent subrepticement, qui se recroisent, des opportunités manquées mais qui finissent par aboutir à un échange et des sourires de plaisir…Non vraiment, magnifique. Je vous laisse savourer :

Je n’ai aucun talent de réalisateur vidéo, mais je tente de vous faire la même par écrit, version « RER B » :

Un matin, lorsque la porte du RER B s’ouvrit (en retard de 13mn), et tandis que je cherchais à me tasser parmi la marée humaine déjà amassée, je croisais un regard qui me saisit par sa beauté et sa profondeur et je crois bien qu’il me fixait. Mon regard se détourna malencontreusement tandis que je me faisais bousculer violemment par les derniers usagers tentant de monter pendant la fermeture des portes. Ces idiots n’avaient pas eu la bonne idée comme moi de se positionner sur le quai pile au bon endroit pour être d’emblée à la hauteur de leur porte. Bref, le RER démarra et je lançais un regard circulaire pour tenter de croiser à nouveau ce visage si préoccupant.

Blonde, de grands et magnifiques yeux bleus, les traits rappelant ceux de Kirsten Dunst, elle avait pris entre temps un air mutin qui lui allait très bien, et regardait le plafond. Le train filait à bon allure, ce qui était de bon augure vu le peu d’espace disponible. Néanmoins et comme souvent après quelques stations, il freina brutalement et s’arrêta en pleine voie, entrainant les chamboulements habituels des corps non amarrés. L’occasion rêvée pour refaire un tour d’horizon, genre « qu’est-ce qui se passe » et hop, j’en profite pour accrocher à nouveau ton regard, malgré les râles, grognements et autres screugneugneu lancé par les usagers, y allant de leurs anecdotes habituelles « hier, c’était encore un suicide, suivi d’une panne de signalisation…c’est tous les jours pareils, blablabla… ».

J’accrochais effectivement à nouveau ce beau regard, mais qu’en faire ? Je ne pouvais bouger un coude sans m’attirer les foudres de mon voisinage immédiat.. Après 10mn d’attente angoissante et deux annonces tardives et contradictoires du conducteur, le train a cahoté jusqu’à la station suivante. La sortie se faisait du côté opposé, c’est-à-dire de celui de ma dulcinée potentielle. Elle se fit d’ailleurs littéralement expulsée par le flot d’usager sortant en panique et tandis qu’un bon tiers du wagon se vidait et que l’air devenait respirable, je n’espérais qu’une seule chose : que cette station ne marque pas notre séparation. Mon cœur bondit lorsque je la vis effectivement monter à nouveau dans le wagon après la vague de descente, et venir se positionner de mon côté. Et tandis qu’une nouvelle marée humaine tentait d’investir le wagon à sa suite, c’est contre moi qu’elle vint blottir sa chaleur, et le train démarra.

C’est alors qu’une odeur nauséabonde surgit subtilement des tréfonds de nos corps entassés. Une gêne indicible se répandit entre les passagers et je ne pus m’empêcher de craindre qu’elle suppose que cette odeur à l’origine très claire, émane de moi. Voilà qui mettait un coup d’arrêt à une éventuelle tentative de trait d’esprit jouant sur les circonstances pour engager la conversation.

Station suivante, pas de descente, des gens en attente sur le quai, et l’odeur qui s’estompait par la grace de l’air extérieur provenant de la porte ouverte. Signal sonore. Les portes se fermaient tandis qu’on entendait les habituels « avancez dans les couloirs, s’il vous plait », « mais il n’y a plus de place monsieur », « mais bien sûr qu’il y a de la place connard, regarde, il y a un trou entre des personnes », « ce sont des enfants monsieur, et essayez de rester poli, on est tous dans la même galère », « c’est ça… »…

Le train démarra puis s’arrêta de nouveau entre deux stations. Tandis que je lançais des regards timides vers ma créature de rêve toujours presque blottie contre moi, un homme en tenue de SDF à 3 personnes de nous se mit à vomir entre ses jambes, générant bousculade, recul, tassement derechef et horreur généralisée tandis qu’une odeur abominable cette fois se répandait dans le peu d’atmosphère vitale qu’il nous restait. A la station suivante, peu de gens cependant descendirent, sachant pertinemment que le prochain train pourrait leur mettre plus d’une heure dans la vue. Les usagers dehors sur le quai nous haranguèrent violemment ne pouvant entrer, tandis que personne ne voulait investir l’espace laissé à peu près libre autour du vomi. A ces gueulards, je tentais un « entrez donc, il y a là un espace où vous serez logé et nourri », ce qui ne fit absolument pas sourire celle qui avait pétrifié mon cœur, ni personne d’autre du reste, le bide total…

Arrivé piteux à Chatelet les Halles, je sortais à la suite de cette jeune femme qui avait réussi à illuminer ce trajet malgré tous ces évènements malencontreux, et dans la cohue de ceux qui couraient déjà vers le RER A à quai juste en face, je tentais un timide « mademoiselle ? »…Elle se retournât et me décochât un « alors là, ça va bien… raz le bol du RER, raz le bol des faux dragueurs du métro, putain de journée de merde… » tout en reprenant frénétiquement le chemin d’une sortie, je ne sais plus laquelle, je ne sais plus où, je…

J’irais poster un message sur le site
http://paris.croisedanslemetro.com/
J’espère qu’elle le consultera quand elle sera calmée. En tout cas, merci à toi, RATP, de m’offrir ces beaux moments, ces belles opportunités.

 

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